Le ministre de l’environnement du Portugal, Joao Pedro Matos Fernandes, estime que sur l’énergie et les gaz à effet de serre, son pays doit faire « mieux que l’objectif européen ».

Ecologie Portugal

Dans le réservoir du barrage d’Alto Rabagão, tout au nord du Portugal, le groupe EDP teste depuis deux ans une centrale photovoltaïque flottante.

Le ministre de l’environnement du Portugal, Joao Pedro Matos Fernandes, précise les objectifs énergétiques et climatiques de son pays.

Le Portugal vise la neutralité carbone au milieu du siècle. Comment comptez-vous y parvenir ?

Depuis le protocole de Kyoto [en 1997], le Portugal a toujours respecté ses engagements climatiques. Dans le cadre de l’accord de Paris de 2015, l’Union européenne a réitéré son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030, par rapport à leur niveau de 1990. Le Portugal a décidé d’aller plus loin. Le premier ministre, Antonio Costa, a fixé comme cap la neutralité carbone en 2050, avec une feuille de route sur laquelle la discussion publique va commencer à l’automne, pour une approbation au printemps 2019.

Le défi est énorme. En 2017, les émissions nationales de CO2 se sont élevées à 68 millions de tonnes. Notre forêt ayant la capacité d’en absorber 10 millions par an, nous allons devoir diviser nos émissions par sept. Cela suppose une transformation presque totale des modes de production et de consommation.

Le Portugal continue de développer les énergies renouvelables avec, désormais, un très gros effort d’investissement dans le solaire. Nous avons déjà un potentiel qui nous permettra de vivre avec une électricité d’origine entièrement renouvelable. Pour le mix énergétique global, nous visons 31 % de renouvelable en 2030. Nous ferons donc mieux que l’objectif européen, qui est de 32 % en 2040 seulement. Nous devons être plus ambitieux dans ce domaine. Mais il nous faut aussi agir dans tous les autres secteurs d’activité.

Quelles sont les priorités ?

La première est de décarboner les transports. Nous y avons consacré 150 millions d’euros en 2017, et nous y affecterons 450 millions en 2018. Nous allons mettre en place un réseau de bornes de rechargement pour les véhicules électriques dans tout le pays, petites communes comprises, et nous sommes en train de faire l’acquisition de 76 bus fonctionnant à l’électricité ou au gaz naturel pour desservir notamment les aires métropolitaines de Lisbonne et de Porto.

La feuille de route vers la neutralité carbone sera déclinée dans tous les autres secteurs : les bâtiments, l’industrie, l’agriculture, la gestion des déchets… Nous voulons aussi améliorer la gestion de la forêt, qui est régulièrement mise à mal par les feux et qui joue un rôle crucial dans la séquestration du carbone.

Comment le changement climatique se manifeste-t-il au Portugal ?

D’abord, par la sécheresse, qui impose une gestion plus efficace des ressources hydriques, notamment dans le secteur agricole qui en consomme 80 % pour l’irrigation des cultures. Ensuite, par l’érosion des côtes, qui, dans certaines parties du littoral, reculent de sept mètres par an : nous allons investir 900 millions d’euros sur dix ans dans un millier d’interventions, notamment pour renforcer les dunes avec des techniques d’ingénierie naturelle. Le risque d’inondations va lui aussi croissant, et nous sommes en train d’engager 80 millions d’euros dans la rénovation du réseau hydrographique. Les défis sont considérables. Voilà pourquoi il faut agir.

Source: Le Monde